Miles Davis, Kind of Blue.

Publié le par M.D.

Écrire un article sur le jazz est plus difficile qu'écrire un article sur le rap. Écrire un article sur un des meilleurs album de jazz, sinon le meilleur, n'en est pas moins difficile. S'il vous plaît, ovation à Kind Of Blue. Ovation aussi à tous ses artistes, qui font de lui un chef-d'oeuvre. Étayons.

 

http://www.planete-jazz.com/images/albums-jazz/Kind-of-Blue.jpgEn 1959 sort l'album Kind Of Blue de Miles Davis. 50 ans plus tard ce cédé est considéré comme un des meilleurs du jazz. Cette notoriété n'est pas anodine au vue des instrumentistes que Miles choisit:

  • au saxophone: John Coltrane,
  • au saxophone alto: Julian Adderley,
  • au piano: Bill Evans,
  • à la batterie: Jimmy Cobb,
  • à la basse: Paul Chamber.

Vous avez compris ? Non ? Si vous n'avez pas compris la puissance de cette liste, c'est que vous ne vous intéressez pas au jazz. Dans ce cas je vous préviens, ces mecs-là sont juste le must de ce que faisait à l'époque. Ils avaient tous déjà une belle carrière derrière eux d'improvisation jazz. Mais pour comprendre cet album, il faut le replacer dans son contexte.

Nous sommes donc à la fin des années des années 50, et les 20 dernières années ont été profondément marqué par le jazz Bepop. Ce jazz est caractérisé par un tempo très rapide, et de nombreux accords. Durant cette période, Charlie Parker, saxophoniste alto, va pousser le genre à son maximum: ses impros sont incroyables, survolantes, ce qui lui vaut le surnom de "Bird" (à voir: le film Bird de Clint Eastwood, vraiment magnifique). Charlie Parker avait l'habitude de joué avec son acolyte: Dizzy Gillespie. Mais celui-ci fut remplacer en 1945 par Miles Davis, qui va apprendre beaucoup du duo Dizzy/Charlie. En 1955 meurt Charlie Parker, en laissant derrière lui un lourd patrimoine. A ce moment-là, on peut se dire que le jazz ne sera plus jamais pareil, que s'amorce une descente fatale car on a déjà tout vu, déjà tout exploré, déjà atteint le sommet. [Au dessus c'est l'Soleil les mecs.]

C'est là que Miles Davis décide de changer complètement la donne. Finis les accords nombreux et les tempos rapides, on va se contenter de trois quatre accords, et on va improviser sur les gammes et les modes ! Ces changements permettent une grande liberté d'improvisation aux artistes, tant qu'ils ont quelques choses de sympa à nous livrer. Ce genre qui succède au jazz bepop s'appelle le jazz modal. 

 

Donc je résume: on a des artiste talentueux en impro, qui ont déjà fait leurs preuves dans le bepop, et un nouveau jazz qui permet de lâcher de plus longues impros distorsionnées. L'équation est assez simple à résoudre: le chef d'oeuvre Kind of Blue en est le résultat.

5 morceaux dans cet album:

  1. So What
  2. Freddie Freeloader
  3. Blue in Green
  4. All blues
  5. Flamenco Sketches
  6. Flamenco Sketches (version alternative).

Durant les séances d'enregistrements, les artistes avaient simplement une feuille avec toutes les infos qui leur fallait pour improviser. Ils avaient pour ordre de n'obéir à aucun ordre, c'est-à-dire de choisir la longueur et le tempo de leur impro. Chacuns devaient poser sa patte comme il voulait, sans se prendre la tête, laisser libre cours à son art. Avec des artistes pareil, ça donne forcément quelques choses incroyables. 

Si cet album rencontre un vif succés, c'est aussi grâce au fait qu'il s'oppose aux singles bepops, très rapides. Car les morceaux de Kind of Blue sont en général du type cools voire bizarres par leur compo, mais c'est fous retombent toujours sur leurs pattes à la fin. 

 

Ecouter cet album, c'est un peu comme se gaver de saumon fumé sur un lit de caviar (cf).

 

Peace, M.D.!

Publié dans Jazz-Soul-Blues

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article