Entre le Spliff et l'Idéal - Gaïden

Publié le par Good-Vibes

http://www.hiphop4ever.fr/wp-content/uploads/2012/03/gaiden-cd1.jpg    Pour la sortie du troisième volume des mixtapes Dinologie, j'avais déjà parlé de Gaïden (c'était ICI). Rappeur que j'avais qualifié d'inconscient, mais pour le plus grand bien de l'humanité puisque c'était dans ses textes qu'il l'était. On avait donc un rappeur pourvu d'un humour noir capable de faire danser le coupé-décalé à un paraplégique, doté d'un flow à toute épreuves, amateur de bonnes herbes et de références bienvenues. Mais beaucoup de ses détracteurs ont commencé à dire que ce n'était un rappeur bon qu'à freestyler pour amuser la galerie, mais que nenni.

 

    Pour son premier album, sorti il y a quelques mois, le rappeur laisse place à un second lui, "plus conscient" dirons nous. Cet album est vraiment très bon, toujours bien écrit, très drôle, et accompagné de prods de grandes qualités. Mais ce que je retiendrais le plus de cet album, et je ne suis pas le seul, c'est cette nouvelle facette du emcee, qui nous fait part de son propre constat de la société en générale, et surtout de son dégoût pour elle. Aux attaques des gens qui disaient qu'il n'était qu'un clown-smoker, il leur dit "voilà pourquoi je suis cette personne dans mes textes et dans la vie". Alors oui, ça prend une tournure tout de suite moins rigolote, mais c'est diablement efficace. En plus de se justifier vis-à-vis de ses 'haters' (ce qui n'est pas le but de ces musiques en premier lieu hein, c'est mon interprétation), Gaïden réussit à dire tout haut ce que beaucoup ont dans le coeur. Le voile que les smokers se créent n'est pas uniquement intrinsèque à la bonne herbe, il est aussi là par rejet de la société. 

 

    Trois musiques: En Equilbre, Entre le Spliff et l'Ideal, et Dimanche. Les producteurs sont respectivement Shaolin Beat, Raheem, et Beus Bengal. Chacune des productions crée une ambiance particulière qui s'associe parfaitement avec le style que développe Gaïden. On obtient donc un genre que - je l'espère - le rappeur continuera d'exploiter pour un prochain projet ! Enjoy la musique Entre le Spliff et l'Ideal que j'ai retranscrit spécialement pour vous ;)

 

 

 

Quand le ciel, bas et lourd, pèse comme un couvercle,

Sur les cafards que nous sommes dans ce local poubelle,

Je ne veux plus rien voir, pire, je ne veux plus rien être,

Je pense donc je souffre et j'envie les marionnettes,

Quitter sa vie par la grande porte ou la fenêtre,

Réussir sa mort après des années d'échecs,

C'est dur à expliquer, j'ai peur de la vieillesse,

Mais je refuse d'être mise en bière par l'ange qui m'a fait naître,

J'me roule un oinj de zeb seul dans cette grande ville,

Dans ma tête c'est l'bordel comme dans Silent Hill,

Mon ex s'est barré avec l'amour qui m'restait,

Je porte la cicatrice d'une amputation sans plaie,

Demain n'est qu'une pierre tombale et quelques chrysanthèmes,

En attendant, on s'donne un peu d'répit, on s'désunie sans gêne,

Vu qu'on vit sans rêve, que les nuits s'enchainent,

Que nos yeux s'détournent des souffrances que nos vies entraînent,

T'as l'sentiment d'être honnête avec ton ticket d'bus,

Ton taff, ton oseille et ton p'tit redbull,

On parle de crises, de disettes rudes,

Alors qu'on s'branle sur la souffrance de l'hémisphère sud,

 

J'ai refusé les règles du jeu,

Je ne veux plus rien voir, j'ai condamné mes yeux,

La vérité s'cache à l'ombre des gens heureux,

Qui pensent naïvement que demain tout ira mieux,

Attirer par le mauvais côté du miroir,

Marie-Jeanne m'aide à oublier mes idées noires,

Entre le spliff et l'idéal,

J'autopsie le corps de milles rêves brisés, criblé d'balles.

 

Quand la Terre est changée en un cachot humide,

Que nos jours sont comptés par des matons cupides,

Une odyssée implique pertes et amour du vide,

Pénélope a préparé les cartons d'Ulysse,

J'suis dépendant d'ma feuille si mon inspi' s'bloque,

On m'retrouve au sol avec du sang coulant d'ma glotte,

Enfermé dans une cabine sans issue de secours,

Un labyrinthe sans mur en guise de triste jour,

Est-ce la réalité ou ai-je les yeux fermés?,

Si ça s'trouve j'suis mort et j'mène ma vie d'damné,

Si tu m'entends c'est peut être que t'as un sixième sens,

Je sens les flammes de l'enfer, j'ai vu ces chimères d'anges,

Que restera-t-il de notre civilisation?,

Des tanks, des ogives, des armes, des munitions,

On n'retrouvera rien de moi, j'aurais tout effacé,

Tiré ma révérence, je n'ai fait que passer,

Difficile de porter l'espérance dans ses bagages,

J'essaie de me séparer d'un dixième de ma rage,

J'me sens comme avant un suicide devant ma page,

Entre le spliff et l'idéal comme un lion dans sa cage,

 

J'ai refusé les règles du jeu,

Je ne veux plus rien voir, j'ai condamné mes yeux,

La vérité s'cache à l'ombre des gens heureux,

Qui pensent naïvement que demain tout ira mieux,

Attirer par le mauvais côté du miroir,

Marie-Jeanne m'aide à oublier mes idées noires,

Entre le spliff et l'idéal,

J'autopsie le corps de milles rêves brisés, criblé d'balles.

 

Quand la pluie étalant ses immenses traînées,

Forment des barreaux semblant vouloir m'isoler,

Je plonge dans ma camisole pour me réchauffer,

La folie comme repère, le hasard comme berger,

Des cloches tout à coup sonnent avec furie dans ma tête,

Une voix m'demande de parler d'elle dans un texte,

Débarquement d'idées mauvaises quand l'assiette

est vide comparée à celle de ceux qui nous rackettent,

Envie d'mettre une bombe dans ma veste,

Faire péter ma cage thoracique, libérer la bête,

Déjà trop mort pour qu'on m'achève,

Mon âme est à vendre, peu importe qui l'achète,

De longs corbillards comme lugubres limousines,

Je négocie mon départ d'ici,

Revenir comme phœnix ou rester comme un zombie,

A faire le bilan de c'que les années passées m'ont pris,

Dans mon jardin de regrets,

Les fleurs du mal poussent au milieu des claymores, et quelques chagrins se créent,

Tous les matins j'me perds,

Entre l'aurore et la fin d'un cauchemar je sens que les parpaings s'resserrent,

 

J'ai refusé les règles du jeu,

Je ne veux plus rien voir, j'ai condamné mes yeux,

La vérité s'cache à l'ombre des gens heureux,

Qui pensent naïvement que demain tout ira mieux,

Attirer par le mauvais côté du miroir,

Marie-Jeanne m'aide à oublier mes idées noires,

Entre le spliff et l'idéal,

J'autopsie le corps de milles rêves brisés, criblé d'balles.

 

 

 


 

 

Peace, votre bon M.D. de retour de temps en temps,

et avec une surprise pour le premier de l'an...

 

 

Publié dans Hip-Hop

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