74 - Sly Johnson (Chronique)

Publié le par M.D.

http://cdn-images.deezer.com/images/cover/a36d874edce14dcef89beb63a11e09fb/500x500-000000-80-0-0.jpg

Si le nom de Sly Johnson ne vous dis rien, j'enverrai une armée de techniciennes de surfaces vous abbatre de "Shame on you" ! Cependant, comme je ne suis pas un mec méchant, je vais vous le présenter. Car ce rappeur, ce beat-boxeur, ce chanteur, a un parcours extrêmement intéressant et enrichissant. Congolais d'origine, il naquit en 1974 à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine.

 

Musicalement, il fera partie du groupe de hip-hop Saïan Supa Crew dès 1997, avec FeniskiLeeroy KesiahVicelowSpectaSir Samuel & Klr (RIP). Ce groupe, si vous ne le savez pas, à œuvrait pendant une dizaine d'années à créer un style de rap bien à eux, teinté de reggae ou de bossa (les albums Klr et X Raisons sont conseillés). En 2007 le groupe se sépare, et chacun poursuit dans la musique en solo: Leeroy dans le Trip-Hop (Bollywood Trip, volets des Coup de massue), Specta et Vicelow dans le rap pur et dur (un maxi en préparation pour l'un, volets des Blue Tape pour l'autre), Féfé dans le rap plus doux (Jeune à la retraite), Sir Samuel dans le reggae. Pour Sly, ces années SSC ont permis de perfectionner ses productions musicales, et son talent de Human BeatBox (pratique que vous devriez connaître, sinon: beatboxing).

Ces années désormais révolues, il va se tourner vers une des "roots" du mouvement hip-hop, à savoir la Soul. En 2008 sort un projet formidable: une collaboration entre le trompettiste Erik Truffaz, qui donne un album intitulé Paris, mélangeant voix sublimes, trompettes, et beatboxing, et où Sly nous donne un aperçu impressionnant de sa voix. En 2010 sort un maxi, The June 26th. Celui-ci annonce l'album.

      

L'album venons-en! D'où le titre? De sa date de naissance tout simplement: 26 juin 1974.

Alterné entre reprises et compositions personnelles, cet album est un bon premier projet. Dans un contexte français où la Soul manque réellement, Sly innove, et arrive à trouver une sonorité propre, à l'instar de Ben l'Oncle Soul et de Mr Nov. Cette sonorité est sans aucun doute marquée par son parcours. En effet, dès le premier morceau, Slaave Two, le groupe de rap Slum Village est invité. Ainsi que le second titre, Calling You, est accompagné par Ayo. Autant le dire, ces deux premiers morceaux sont reposés et reposant. Ce qui fait contraste avec Hey Mama, beaucoup plus énergique. Les reprises sont Fa-fa-fa-fa (Sad song) de Otis Redding, et Everybody's got to learn sometimes des Korgis. Les puristes accableront sans doute la reprise d'Otis Redding; bien au contraire, il faudrait plutôt acclamer cette adaptation que crée Sly, toujours imprégné de son expérience personnelle. 

Le plus gros défaut de cet album est qu'il manque un quelque chose au niveau instrumental, qui ne s'envole pas. L'exemple le plus flagrant serait de citer le remix de (You are a) STAR fait par 20Syl (deejay/rappeur membre du groupe de rap Hocus Pocus et de deejays C2C): celui-ci est carrément plus énergique que l'originale présent sur l'album, et comble le vide présent. Même des chansons dites énergiques ne font pas tout un album, un petit live du groupe de musiciens -de talents en prime!- aurait été tout à fait le bienvenu. Aussi, il faudrait réfléchir: est-ce que ce vide n'est pas voulu, justement pour mettre la voix, si présente dans cet album, de Sly en avant ? Peut-être, car qu'on se le dise, Sly Johnson est à lui seul un orchestre, dont il en serait le chef, et le chanteur à la voix si rassurante. Dans cette optique, il signe ici un premier album tellement attendu et crée avec brio qu'on dit: l'artiste, chapeau !

 

Pour conclure, je vous propose un extrait d'un concert jazzy, avec Sly & Erik Truffaz, sur une production entière de Sly; laissez vous porter par son beatbox, sa voix, et la trompette d'Erik...


 

 

Peace, M.D.!

Publié dans Jazz-Soul-Blues

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article