Casey & Al - "Aux Ordres du Maître" (Chanson & Analyse)

Publié le par M.D.

Le 8 mars 2010, Casey sort chez Anfalsh son second album, Libérez la bête. Comme son nom l'indique, elle nous livre, grâce à une écriture acide, sa vision du monde, non moins amère. D'un monde où la maille est au coeur du rap français, Casey est aux antipodes. Ainsi, avec l'aide de son camarade AL, elle inscrit sur cette album une chanson sur l'argent et le business: Aux Ordres du Maître.

 

 

 

C'est AL qui se charge du premier couplet; celui-ce est pour moi culte. Il hisse l'argent au rang de divinité, et s'adresse directement aux grands patrons qui brassent les billets. Cette métaphore est filée sur tout le couplet, avec les comparaisons telles que la banque/le lieu de culte.

"On dit que l'argent ne fait pas le bonheur, si en ce qui concerne le tien 
Quand Dubaï devient un nouveau lieu saint 
Quand d'après toi, il donne corps au concept de puissance 
Lorsqu'à son contact tu éprouves de la jouissance 
Dès qu'il fait signe, tu n'as plus aucune obligation 
Ses appels pietinent, famille, amis, et convictions 
Tu adores tout ce qui en résulte, 
D'après toi, le silence d'une banque, évoque celui d'un lieu de culte 
Quand on fait un prêt, comme on fait une prière 
Quand les grands patrons deviennent des prophètes aux halos de lumière 
Quand, s'il n'y a pas de gains rien n'est obligatoire 
L'enfer c'est la faillite sinon la crise est le purgatoire 
Lorsque le luxe devient le stigmate de la foi 
Quand tu te demandes qu'est-ce que ceux qui ne le prient pas attendent pour s'y mettre 
La maille est ton dieu, et tu es aux ordres du maître."

 

La force de ce couplet est d'une part son écriture, avec ses champs lexicaux complets. En effet, d'autre part, AL fait ici le tour du sujet qu'ils traitent. Vu qu'il s'adresse directement aux businessman, il fallait quelqu'un pour lui répondre. C'est donc Casey qui s'en charge.

"Je m'en fous, j'ai les cartes de crédits, j'ai l'appart 
La BM le week-end, la semaine j'ai la Smart 
J'ai la côte, j'ai les couilles, j'ai le compte bien rempli 
J'ai la batte, j'ai le pompe, j'ai toute la panoplie 
J'ai la came, j'ai les putes, j'ai la bonne réput' 
et la bonne gueule de tueur que personne ne réfute 
J'ai des rêves de grandeur, j'ai la bave aux lèvres 
J'ai des petits revendeurs qui sont des bons élèves 
J'ai la tchatche, j'ai le don, j'ai le bon filon 
Et j'ai des gosses à l'abandon qui dispatchent mon pilon 
J'ai la planche à billets, j'ai le piège à couillon 
J'ai des toxs aux abois prêts à boire le bouillon 
J'ai des petites toutes prêtes à se déshabiller 
Qui obeissent à toutes sortes de trips sans sourciller 
J'ai la peur, j'ai la mort, ja'i la faim, j'ai la guerre 
J'ai des chômeurs, des fumeurs, et des mères à bout de nerfs 
J'ai la rue, j'ai la crise, j'ai la boue, j'ai la vase 
J'ai le suicide aux médocs, au flingue ou au gaz 
J'ai la thune, je la veux, je l'emmène à l'hôtel 
 
Au contraire du couplet de AL, où son écriture est douce et sa voix sereine, Casey est elle énervée, crachant ses mots. L'écriture est aussi plus rythmée, par les anaphores du "Je" qui soulignent l'égo surdimensioné de -presque- tous les riches, et du verbe avoir qui prend le dessus sur le verbe être, . Alors que vous ne trouvez aucune vulgarités chez son acolyte, Casey n'hésite pas d'en usé; c'est son côté hardcore. Au final, elle nous dresse un protrait d'un riche se rapprochant plus du mafieux, truand avec ses armes, ses drogues, et ses prostitués, plutôt que du saint offrant son argent aux pauvres gens vivants sous les ponts ou mourants de famine.
Et simplement, un refrain qui résume les idées énoncées:

"Casey: Mets le prix, les zéros qu'il faut, sur mon chèque en euros 
et je serais dévoué et aux ordres du maître 

Al: Mains sales et têtes hautes, ton business à toi, c'est les malheur des autres

 

Peace, M.D.! 

 

Publié dans Hip-Hop

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